Emancipation des mœurs VS tradition
A l’heure de la démocratisation des jouets intimes et de l’émancipation des mœurs concernant le sexe, la question des vibromasseurs intimes en tant qu’objets pornographiques est à soulever. Tout d’abord, la notion d’ « objets pornographiques » relève particulièrement d’une appréciation subjective. En effet, cette question relève d’un combat idéologique entre le libéralisme et le retour à un certain ordre moral.
Quand, pour certains, les jouets intimes sont des objets du quotidien pour se faire plaisir ou tout du moins une curiosité désirable, pour d’autres ce sont des objets pornographiques appelés simplement à salir l’acte sexuel et débaucher les mœurs.
Aujourd’hui, la France demeure le seul pays occidental où les vibromasseurs intimes sont toujours considérés comme des « objets pornographiques » alors qu’il n’existe aucune définition légale en la matière… Quand la majorité des ménages anglais assume avoir des vibromasseurs chez elle, les Français sont encore très sceptiques quand à l’utilisation et les avantages de ces jouets érotiques.
Evolution de la société ?
Pourtant, les jouets intimes semblent illustrer et suivre une évolution de la société concernant la morale sexuelle et la vision du sexe.
Désormais vendus en grande surface ou dans les catalogues de vente par correspondance, ils font de plus en plus partis du quotidien de chacun. Les vibromasseurs intimes sont notamment appréciés en tant qu’aide pour explorer le plaisir de chacun. A partir du moment où ce plaisir se déroule dans le respect de chacun, sans tomber dans l’exhibitionnisme ou le vulgaire, où est le mal ?
Parce que le plaisir nous fait perdre la tête et nous éloigne de la réalité le temps d’un instant, il a été considéré -et l’est toujours parfois- comme un péché. Cette idée de péché est notamment nourrie par le sens moral et certaines religions qui favorisent la culpabilité de chacun et rendent les jouets érotiques objets pornographiques. Le seul aveu d’acheter ou d’utiliser des vibromasseurs intimes faisait du propriétaire un coupable. Même si aujourd’hui c’est moins le cas, ils demeurent un sujet tabou encore aujourd'hui.
Banalisation du vibromasseur intime
Nous assistons à une normalisation et une banalisation du jouet intime. Le sociologue Baptiste Coulmont a étudié ce phénomène. Dans les années 1970, les vibromasseurs intimes ont porté les valeurs sexuelles en vogue : orgasme partagé, retour de la masturbation… Toutefois, les vibromasseurs intimes étaient impossibles à afficher, c’étaient de véritables objets pornographiques. Ils demeuraient un sujet tabou et étaient seulement en vente dans des espaces marginaux.
A la fin des années 90, la requalification en « jouets intimes » ou « jouets érotiques » a permis de déstigmatiser les vibromasseurs intimes. L’aspect ludique apporté à la sexualité a désacralisé le sexe et les jouets érotiques font aujourd’hui partie de l’économie commerciale des loisirs.
Les emballages des vibromasseurs intimes offrent une nouvelle vision beaucoup plus féminine et esthétique et le jouet érotique de luxe a fait son apparition. Fini les visions glauques et sales des vibromasseurs intimes, le jouet intime peut illustrer à la fois, le charme, l’esthétique et le plaisir.
Les nouveaux standards ont été décryptés afin de répondre aux attentes des femmes modernes. Nouveaux design, nouvelles formes, nouvelles couleurs : le jouet érotique peut être un objet du quotidien dernière tendance. Le rose chair était vulgaire, par contre, le rose bonbon est féminin et design. La plume a aussi remplacé la femme nue vulgaire et méprisante.
Cette féminisation et esthétisation du jouet intime a permis de mettre une distance avec le jouet érotique comme objets pornographiques et mettre en lumière ce sujet tabou. Sain, beau et esthétique : les vibromasseurs intimes sont révélateurs des attentes des femmes concernant le sexe aujourd’hui.